Nouvel An

Le filtre s’immisce de glace entre les croisées
Filaments scintillant sur l’herbe gelée
Soleil illuminant le paysage
Comme figé derrière les vitres
Éclats brûlants jaillissant de l’âtre
Qui assoupissent à force d’aveugler
Apaisement des silences de fin d’année
Lorsque tout ce qui s’est déjà dit s’achève en fumée
Et ce qui se pressent n’a pas encore commencé à émerger
Comme pétrifié par l’ambiance hivernale
Effluves hiémales de bois et de branches craquant dans les forêts dénudées
Lorsque tout se calme et s’oublie
Miroitement grossier de quelques dorures de fête
Couleurs artificielles venant compenser le manque de feuilles et de fleurs
Ciel si vite orangé dans l’après-midi qui rapetisse comme une peau de chagrin
La lourde chape ne se relèvera que tardivement
S’irisant de bleus violacés comme une lèvre froide
Ici les rennes marchent à l’essence et les traîneaux sont des coffres étroits
On décore les demeures de papiers colorés pour s’entourer de plus éphémère que soi
On les décrochera bientôt pour les ranger dans ces cartons que l’on ne sort qu’une fois l’an et se contentent le reste du temps de prendre la poussière aux côtés du sapin en vinyl
Les sapins qui perdent leurs épines, c’est trop embêtant
En plus ça sent le sapin
Et puis il y en a déjà tant dehors quel intérêt d’en ramener un chez soi pour le contempler crever peu à peu sous des décorations en carton-pâte
Sadisme de fin d’année exécutions rituelles rites sacrificiels
Entre dinde et oies, déchiquettement d’huitres
On jette vivants les homards dans le bouillon
Les foies s’extraient de volailles fraichement égorgées
Ambiance orgiaque mâtinée d’envies glauques
Pour patienter jusqu’à la nouvelle année
Qui sera forcément meilleure
Instant crucial d’un passage cristallisant toutes les espérances
Jusqu’à ce que l’on s’aperçoive
Une fois de plus
Que rien ne sera tenu
Que tout sera sans doute encore pire
Mais qu’il faudra tenir bon,
Malgré tout.